Le problème de l’identité dans la sphère numérique
La multiplication des services en ligne a permis de pointer du doigt un problème récurrent : prouver son identité en ligne est une véritable gageure. En effet, les titres d’identité physiques se transposent difficilement dans la sphère numérique, et il n’est pas rare de devoir transmettre une photocopie ou un scan de son document d’identité dans les cas où cela est nécessaire.
La réponse à ce problème trouve un pied dans l’identité numérique. Les pays nordiques font encore une fois figure de pionnier avec la Norvège, qui dès 2003, a lancé BankID.
Cette initiative d’un groupement de banques nationales permet aux citoyens de prouver leur identité lors de l’ouverture d’un compte bancaire, de démarches administratives et autres. Avec un taux d’adoption de 82%1, c’est une des identités numériques les plus utilisées dans le monde.
Si cette initiative émane d’un groupement d’acteurs du privé, les Etats ne sont pas en reste et élaborent aussi leurs propres identités numériques. Le chantier le plus ambitieux du monde est celui du gouvernement indien, avec Aadhaar. Depuis sa création en 2009, plus d’1.4 milliard d’identités numériques ont été créés à ce jour2 avec ce système.
En Europe, le règlement eIDAS dans sa première version adoptée en 2016, a permis aux Etats Membres de l’Union Européenne de développer leurs identités numériques, dans un souci d’interopérabilité.
La deuxième version adoptée en 2024 le développe et change le paradigme pour le recentrer vers les citoyens, en les dotant de portefeuille d’identité.
Mais finalement qu’est-ce qu’une identité numérique ?
De nombreuses définitions existent, une des plus claires est celle utilisée par le règlement européen eIDAS qui la définit comme « un ensemble d’informations permettant d’identifier une personne de manière unique dans le monde numérique3 ». Elle peut être créée par l’agrégation de données personnelles ou d’attributs. Ceux-ci pouvant être collectées lors de l’utilisation de divers services en ligne, tels que les réseaux sociaux, les comptes de messagerie, et les plateformes de commerce électronique4 ; la méthode la plus sûre reste de l’initialiser à partir d’un document d’identité délivré par un gouvernement, pour établir une solide base de confiance.
Car les identités numériques sont un instrument de confiance avant tout, servant à la fois d’élément de sécurisation des transactions, comme de simplicité dans l’utilisation et la gestion pour le citoyen.
Les identités numériques pour les banques
Dans le secteur bancaire, elles ont une place de choix, et tout particulièrement dans la banque de détail pour les ouvertures de compte. Traditionnellement, l’ouverture de compte bancaire se faisait en face-à-face, et c’était au conseiller bancaire d’établir la confiance dans la transaction en procédant à la copie d’un document d’identité et à la collecte des informations clients.
Les banques en ligne ont fait évoluer ce modèle en introduisant un modèle à distance : l’ouverture de compte se fait en remplissant des formulaires et l’envoi de pièces numérisées. Une véritable révolution ! En France, c’est Boursorama qui ouvre le bal avec le lancement de sa banque en ligne dès 20055.
Toutefois, les limites sont vites apparues : un traitement des documents qui reste manuel, et un risque de fraude plus élevé dû à l’absence de face-à-face.
L’avènement de l’automatisation
C’est dans les années 2010 que la technologie permet d’automatiser de plus en plus ce processus, avec l’introduction des solutions automatisées de vérification de titres d’identité et de document. Ariadnext, une société rennaise rachetée en 2021 par iDNow, fait partie de ces acteurs proposant ce service d’automatisation6.
Ce type de service est en charge de la numérisation du document et de l’extraction des informations affichées sur celui-ci (photo et état civil), en y associant une détection de l’authenticité du document. Ces services permettent ainsi de gagner un temps précieux. D’autres sociétés se sont concentrées sur le développement de technologies de détection du vivant. Celles-ci ont pour but de s’assurer que c’est bien le porteur du document d’identité qui est à l’origine de l’ouverture de compte.
Les limites de ces méthodes apparaissent avec la généralisation des modèles d’IA : ces technologies ont largement simplifié la création de faux titres d’identité crédibles et de deepfakes, des vidéos permettant de superposer le visage d’une personne sur un autre.
Pour rétablir la confiance, il est donc nécessaire de trouver des parades, et l’identité numérique est parfaitement positionnée pour solutionner ce problème.
L’identité numérique émise par le ministère de l’Intérieur français, France Identité, a été ainsi développée pour offrir un haut niveau d’assurance, et est d’ailleurs une identité dite de niveau élevée au sens du règlement eIDAS, c’est-à-dire le plus haut niveau.
La deuxième limite est le caractère unique de ces solutions : les vérifications doivent être faites pour chaque ouverture de compte et ne sont pas transposables d’un établissement à un autre.
Comparativement à une solution d’automatisation, la vérification de l’identité dans une identité numérique n’est faite qu’une seule fois, au moment de l’initialisation de l’application. Elle peut ensuite être utilisée sans repasser par l’étape de vérification.
L’opportunité pour les acteurs du secteur bancaire est d’offrir des parcours d’entrée en relation optimisés, en les orchestrant en fonction de ce que le client possède. Par exemple, s’il n’a pas encore d’identité numérique, il passera par un parcours via une solution automatisée. IDAKTO propose ainsi une plateforme d’orchestration pour créer ces parcours optimisés, en combinant ces solutions avec des identités numériques.
En résumé
Les identités numériques apportent de nombreux bénéfices tant pour les banques que pour leurs clients.
Pour les banques, elles permettent une réduction significative des coûts avec une solution plus simple pour la vérification d’identité et diminue donc les besoins en personnel pour les tâches administratives. Enfin, elles renforcent la sécurité en utilisant des systèmes d’authentification robustes, réduisant ainsi les risques de fraude et d’usurpation d’identité.
Pour les clients, les identités numériques simplifient les démarches administratives en ligne, évitant la nécessité de fournir à plusieurs reprises les mêmes informations personnelles. De plus, elles offrent une meilleure protection des données personnelles grâce à des protocoles de sécurité stricts, garantissant que les informations sensibles restent confidentielles.